« Hors La loi » Le procès de Bobigny à La Comédie Française

de Pauline Bureau
"Un hommage superbe et historique à Gisèle Halimi"

Marie Claire Chevalier est une jeune femme de 15 ans au début des années 1970. Fracassée par un viol et un avortement clandestin, l’adolescente fera de son procès une « tribune pour le droit à l’avortement ».

Marie Claire Chevalier est une jeune femme de 15 ans au début des années 1970. Fracassée par un viol et un avortement clandestin, l’adolescente fera de son procès une « tribune pour le droit à l’avortement ». Défendue par l’avocate Gisèle Halimi, cette affaire juridique constituera une avancée remarquable pour le droit des femmes. « Hors la loi » raconte avec brio et intensité l’histoire de Marie Claire ainsi que le célèbre procès de Bobigny.

Paris, 1972. Le drame éclate sous nos yeux : le viol d’une adolescente, et ce qui constitue un crime à l’époque : l’avortement clandestin. On y découvre l’horreur des foyers prénatals qui poussent les femmes à l’abandon de l’enfant, puis l’absurdité des postes d’ouvrières « offerts » aux jeunes mères de 18 ans. Face à un tel désastre, la honte et la culpabilité s’invitent lourdement chez le spectateur. Une misère sociale nous est jetée au visage. On y découvre des chiffres absurdes de mortalité des femmes dans l’avortement clandestin. La colère nous gagne.

Simone de Beauvoir, Michel Rocard, Delphine Seyrig seront appelés à la barre. Le parlementaire donnera le chiffre significatif de l’horreur : 5000 décès par an, soit 250 000 mortes depuis la loi contre l’avortement. Le scandale éclate. Le procès continue.

Poignant, fort, engagé, le spectacle n’en est pas moins esthétique. La pièce nous rappelle le combat des femmes, mais pas seulement, celui d’une société toute entière pour abroger la loi de 1920. Honte à ceux qui se sont opposés à l’abolition de ce texte absurde. Honte aux condamnations. Honte à ceux qui encore aujourd’hui oseraient s’opposer à cette liberté rudement gagnée ! Que les générations futures s’en souviennent et préservent ce droit de la femme !

La pièce offre un hommage superbe à toutes ces femmes au courage inouïe, dont Gisèle Halimi a fait preuve. Avocate de renommée, sa plaidoirie finale constitue un chef d’œuvre absolu et son rôle dans ce procès restera à jamais dans nos mémoires : celui de faire abroger une loi injuste pour donner à la femme le droit de disposer de son corps.

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